Hors sujet

Et s’il était temps d’apprendre à nos enfants à bien s’informer ?

Longtemps marginale, l’éducation aux médias et à l’information devient un enjeu de société majeur à l’heure où les Fake News se répandent. Les Assises du journalisme de Tours, du 14 au 17 mars dernier, en ont rappelé l’importance pour notre société. De son côté, la ministre de la Culture Françoise Nyssen a annoncé le doublement du budget consacré à l’éducation aux médias et la création d’une plate-forme de décryptage de l’information.

Comment apprendre aux plus jeunes à bien s’informer ? Qu’est-ce qu’une info fiable ? « Nous sommes entrés dans cette période incertaine où la vérité – la vérité d’un fait – est de plus en plus souvent perçue comme une opinion. Une opinion comme une autre ! Chacun prend conscience du danger extrême que cela fait encourir à nos démocraties », a rappelé Jérôme Bouvier, dans une tribune publiée dans Le Journal du dimanche. Pour le président de l’association Journalisme et Citoyenneté qui organisait la 11e édition des Assises du journalisme, à Tours, il y a urgence à « allumer dans l’esprit de chaque enfant cette petite veilleuse qui lui fera se demander à chaque fois qu’il regarde son smartphone : d’où vient cette information ? Qui me la propose ? ».

Les acteurs associatifs et publics s’engagent

Sur le terrain, un grand nombre d’acteurs associatifs se mobilise en France pour sensibiliser les jeunes à la qualité de l’information et développer leur esprit critique. Cinq d’entre eux viennent d’ailleurs d’être récompensés par le jury des Assises du journalisme (voir les lauréats ici). Les collectivités territoriales ne sont pas en reste, à l’instar du département des Hauts-de-Seine. Les équipes de Citizen Press réalisent, pour son compte, le magazine d’information L’abeille, distribué gratuitement à tous les collégiens de 6è et de 5è et aux élèves des classes de CM2 du département. Enfin, au niveau national, il existe une structure, le Clemi (Centre pour l’Éducation aux Médias et à l’Information) dont la mission est de former les enseignants et de leur apporter des ressources et des outils pédagogiques dédiés. Depuis la loi pour la Refondation de l’École de la République de 2013, l’éducation aux médias et à l’information est d’ailleurs devenue une compétence du socle commun des connaissances.

Vers une agence d’État ?

Mais ces initiatives restent insuffisamment coordonnées. Pour Jérôme Bouvier, « si louable soit elle, cette énergie ne suffira pas ! (…) S’adresser à des publics qui ont perdu depuis longtemps le contact avec l’actualité telle qu’elle est racontée par les médias classiques ne s’improvise pas. Apprendre à s’informer, ça s’apprend ! » Il plaide pour la création d’une Agence Nationale de l’Éducation à l’Information qui serait construite sur le socle du Clemi. Pour l’instant, la ministre de la Culture Françoise Nyssen a annoncé le doublement à 6 millions d’euros du budget consacré à l’éducation aux médias afin de soutenir les associations qui animent des ateliers sur ce thème dans les établissements scolaires et les médiathèques. Elle envisage aussi la création d’une plate-forme de décryptage de l’information par les six sociétés de l’audiovisuel public. Ce thème devait être à l’ordre du jour d’une réunion que la ministre organise ce lundi 19 mars avec les six dirigeants publics, alors que s’ouvre la 29e édition de la semaine de la presse et des médias dans l’école.

Voir aussi le site « Internet sans crainte » qui donne de nombreux conseils aux parents comme aux enseignants pour éduquer aux médias numériques : http://www.internetsanscrainte.fr